Les soupçons de fichage des gilets jaunes via le système d'information pour le suivi des victimes (Sivic) prennent un tour politique, à une semaine des élections européennes. Les sénateurs LR Philippe Bas et Alain Milon ont adressé un courrier à Agnès Buzyn, pour lui demander "de faire la lumière sur la réalité du recueil de données lors d'admissions hospitalières consécutives à des manifestations sur la voie publique dont l'exploitation est susceptible de porter atteinte à la liberté individuelle". Les deux sénateurs de droite, respectivement président de la commission des Affaires sociales et président de la commission des Lois du Sénat, ont aussi demandé à la ministre "d'indiquer les actions que le ministère et les organismes placés sous sa tutelle ont entreprises pour mettre fin à cette situation si elle était avérée".
Interrogée à ce sujet par France Info, Agnès Buzyn avait nié toute instruction sur les gilets jaunes en provenance de l'avenue Duquesne, et défendu la nature "purement administrati[ve]" de Sivic, évoquant une "dérive dans un hôpital de l'AP-HP". Elle avait aussi annoncé avoir diligenté une enquête interne au ministère. Comme l'avait révélé Le Canard Enchaîné mi-avril, l'administration de l'AP-HP a donné des instructions aux services d'urgence pour renseigner le fichier Sivic, censément utilisé en cas de catastrophe sanitaire, à l'occasion des manifestations de gilets jaunes. A cette occasion, certaines informations de nature médicale ont été retranscrites dans cette base, en violation du secret médical. Cette pratique a été qualifiée de "dérive inacceptable" et dénoncée par cent médecins de renom, dans une tribune publiée le 8 mai dans L'Express. [Avec AFP]
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