A l'issue d'une assemblée générale exceptionnelle, ce vendredi 3 septembre, le président de la fédération SOS Médecins France a annoncé une journée nationale de mobilisation avec arrêt total de l'activité sur l'ensemble du territoire. Une mesure jugée nécessaire afin de "garantir la pérennité de la visite à domicile". Fin juillet, cette dernière avait été revalorisée dans le cadre des négociations sur l'avenant 9 entre la Cnam et les syndicats de médecins libéraux, mais les praticiens de SOS en ont été exclus. Lors de l'assemblée générale "extraordinaire" réunissant les 63 associations SOS Médecins, ce vendredi 3 septembre, "la colère a continué à s'exprimer". "On existe depuis plus de 55 ans, la visite à domicile est notre spécificité, notre ADN [...] Si on ne fait rien pour la soutenir, la visite à domicile disparaîtra", a lancé le Dr Serge Smadja, secrétaire général de la fédération, lors d'un point presse organisé dans la foulée. Depuis le 30 juillet, la pilule ne passe pas chez les membres de SOS Médecins. Alors que la revalorisation de la visite à domicile a été obtenue pour les médecins libéraux au terme des négociations sur l'avenant 9 à la convention entre les syndicats concernés et l'Assurance maladie - à hauteur de 70 euros, les médecins SOS en ont été "exclus". Un geste de "mépris" qu'ils ne comptent pas laisser passer. Alors qu'elle avait eu vent de cette revalorisation, la fédération avait tenté d'alerter les pouvoirs publics, assure-t-elle ce vendredi, "mais nous n'avons pas été écoutés", déplore le Dr Smadja, aux côtés du président, le Dr Jean-Christophe Masseron, également président de SOS Médecins Chambéry (Savoie). Ce dernier ajoute que les discussions avec Thomas Fatôme n'ont rien donné : "On nous a renvoyés à la prochaine convention, celle qui sera signée en 2023. Pour nous, ce n'est évidemment pas possible." La signature de l'accord entre la Cnam et trois syndicats de médecins libéraux (MG France, la CSMF, et Avenir Spé-Le Bloc) a "mis le feu aux poudres".
Début août, SOS Médecins a alerté le président de la République. Mais, constate, amer, le Dr Masseron, "pour l'instant, il n'y a pas vraiment eu de réaction". La fédération a ainsi convoqué une assemblée générale visant à discuter avec l'ensemble des structures SOS Médecins de France "des modalités éventuelles d'action". Et le constat est sans appel : il faut agir "si on veut garantir la pérennité de la visite à domicile", résume le président de SOS Médecins France, élu en octobre dernier. "Le problème n'est pas la menace qui pèse sur SOS Médecins, mais celle qui pèse sur la visite à domicile et son importance pour les patients que nous soignons tous les jours et pour qui les conséquences seraient fâcheuses si elle venait à disparaître faute de médecins pour l'effectuer." Intégration à l'avenant 9 Une motion a ainsi été adoptée "à l'écrasante majorité" par l'assemblé. Sur le plan tarifaire d'abord, SOS Médecins réclame la pérennisation et l'extension d'une cotation apparue pendant l'épidémie de Covid-19 - mais aujourd'hui disparue - pour les visites effectuées en Ehpad (VG+MD+MU). La fédération souhaite appliquer cette cotation, qui s'élève à 57,60 euros, aux visites réalisées en journée et effectuées dans "un délai rapide", fixé à 4h, "qui sont normalement urgentes et plus techniques et chronophages" et constituent...
"l'écrasante majorité" des visites. En somme, la visite étant aujourd'hui rémunérée 35 euros en journée, cela permettrait une augmentation de 22,60 euros, explique le Dr Masseron. Par ailleurs, la fédération demande que l'indemnité de déplacement devienne "unique quel que soit l'horaire". Si cette indemnité est de 10 euros en journée, elle n'est que de 3,50 euros le soir et le week-end. "On ne veut plus de cette différence", ajoute le président. Enfin, SOS Médecins réclame d'être intégré dans les bénéficiaires de l'avenant 9 à la convention. "Ce n'est pas ce qui motive notre mouvement mais par soucis d'équité, il serait plus qu'urgent que les médecins de SOS soient traités comme les autres", justifie le Dr Jean-Christophe Masseron, alors que l'association effectue chaque année "environ 3 millions de visites à domicile sur l'ensemble du territoire". Cela permettra à ces professionnels de coter la visite longue en respectant le cahier des charges (notamment uniquement pour les patients de plus de 80 ans en ALD). Arrêt des activités pendant 24 heures Pour répondre au "mépris des autorités et la Caisse vis-à-vis de la visite à domicile et de sa juste valorisation", selon les mots du Dr Smadja, la fédération appelle à une journée nationale de mobilisation avec "arrêt total de l'activité sur l'ensemble du territoire". Journée qui pourra être renouvelable si les médecins concernés n'étaient pas entendus. "L'ensemble des 63 structures vont arrêter 24h leurs activités pour montrer que la visite est très importante et qu'on est déterminés à faire évoluer la tarification", précise le Dr Masseron. Ces associations pourront également organiser des actions plus spécifiques. SOS Médecins n'a cependant pas souhaité communiquer la date de cette journée afin d'éviter que "le mouvement soit tué dans l’œuf". "Si toutefois nos revendications n'étaient pas entendues, il a été décidé qu'on puisse suspendre la transmission de nos données [épidémiologiques] à Santé publique France", prévient-on toutefois. "C’est surtout la défense d’un modèle, d’une pratique que l’on demande", insiste le Dr Smadja. Son confrère rappelant que les médecins SOS - au nombre de 1.300 - sont "trop à la marge".
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