Bébés secoués : deux fois plus de cas en région parisienne et une mortalité multipliée par 9

31/08/2022 Par Sandy Bonin
Santé publique
Le syndrome du bébé secoué a vu son incidence doubler en 2021 et sa mortalité décupler par rapport à la période pré-pandémique (2017-2019). Ces résultats alarmants ont été publiés le 30 aout 2022 dans la revue JAMA Network Open. Ils sont issus des travaux menés par les équipes de l’hôpital Necker-Enfants malades (AP-HP) et de l'Université Paris Cité associées à une équipe de l'Inserm.
 

Les chercheurs ont analysé l'évolution de l'incidence et de la gravité du syndrome du bébé secoué (SBS) chez les nourrissons de la région Ile-de-France au cours des deux premières années de la pandémie de Covid-19 (2020-2021) par rapport à la période pré-pandémique (2017-2019). En effet, des inquiétudes ont été exprimées très tôt par la communauté scientifique, médicale et sociale sur un risque "d’explosion" de l’incidence de la maltraitance et des négligences envers les enfants, notamment le SBS, secondaire à la pandémie de Covid -19 et aux mesures de confinement, indique l'AP-HP. Car parmi les facteurs de risque de maltraitance connus, plusieurs ont vu leur prévalence augmenter durant cette période : détresse psychosociale, confinement dans de petits logements collectifs, fermetures d'écoles et de crèches et désorganisation des services sociaux. Tous les cas consécutifs de SBS chez les nourrissons de moins de 12 mois adressés entre janvier 2017 et décembre 2021 à l'hôpital Necker-Enfants malades AP-HP, unique centre d’urgences neurochirurgicales pédiatriques de la région parisienne, ont été inclus, soit 99 nourrissons, précise l'AP-HP.  Parmi les 99 nourrissons de SBS, les signes de gravité des violences infligées étaient très fréquents : 87 % avaient une rupture des veines ponts, 75 % des hémorragies rétiniennes, 32 % des fractures, 26 % un état de mal épileptique, et 13 % sont décédés. Par rapport à la période pré-pandémique , l'incidence de SBS est restée stable en 2020 puis a doublé en 2021 et sa mortalité a été multipliée par 9. Les chercheurs analysent cette hausse par une accumulation de la détresse psychosociale. "Non seulement il y a eu plus de cas, mais ils étaient plus graves", confirme le professeur Gilles Orliaguet, chef de l’anesthésie-réanimation à Necker dans les colonnes du Parisien. Derrière les chiffres bruts de l’étude, dont il est coauteur. Alors qu’il y avait eu 50 cas entre 2017 et 2019 et 17 en 2020, 32 ont été enregistrés en 2021. Parmi eux, 9 sont décédés cette année-là, décuplant presque la mortalité par rapport à celle de la période avant-Covid. Le syndrome du bébé secoué est la cause la plus fréquente de décès traumatique chez les nourrissons dans les pays à hauts revenus. Les formes non létales du SBS sont associées à une morbidité sévère à long terme telle que des troubles neurodéveloppementaux (épilepsie, déficiences motrices et visuelles, troubles du langage, déficience intellectuelle et anomalies du comportement) entraînant un handicap à vie. Chaque année, ce sont 400 à 500 nourrissons qui sont victimes de ce traumatisme crânien non accidentel, causés par des adultes qui n’ont pas toléré leurs pleurs.

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