Prévention primaire des fractures, en population générale, par le calcium et/ou la vitamine D : niveau de preuve insuffisant

26/04/2018 Par Pr Philippe Chanson
Rhumatologie
Les fractures ostéoporotiques résultent de la fragilité osseuse, elle-même secondaire à une perte osseuse ou à de changements structuraux osseux. Bien que toutes les fractures ostéoporotiques ne soient pas directement attribuables à des carences en vitamine D ou en calcium, ces nutriments sont des facteurs modifiables importants nécessaires à une santé osseuse optimale. Y a-t-il un bénéfice (et des risques) à supplémenter de manière systématique en calcium et en vitamine D ?

Les recommandations de l’USPTF (The US Preventive Services Task Force) n’allaient pas dans ce sens en 2013. Cela reste-t-il vrai en 2018. Une nouvelle méta-analyse (1) des essais cliniques randomisés ou des études observationnelles sur la supplémentation en vitamine D et/ou en calcium chez des populations adultes (à l’exclusion des populations institutionnalisées ou ayant une carence en vitamine D connue, une ostéoporose ou une fracture antérieure) a été commandée par l’USPTF avant d’émettre ses recommandations.   Onze essais contrôlés randomisés (ECR) (N = 51 419) chez des adultes de 50 ans et plus et durant de 2 à 7 ans ont été inclus. En comparaison du placebo, la supplémentation en vitamine D diminue l'incidence totale des fractures (1 ECR [n = 2686], différence de risque absolue [DRA] = -2,26% [IC 95% : -4,5 à 0%]) mais n'est pas associée avec le risque de fracture de hanche (3 ECR [n = 5496]; DRA groupée = -0,01% [-0,80 à 0,78%]). La supplémentation en vitamine D et calcium n'a aucun effet sur l'incidence totale de fractures (1 ECR [n = 36 282], ARD = -0,35% [1,02 à 0,31%]) ou sur l'incidence de fractures de hanche (2 ECR [n= 36 727], ARD provenant de l'essai plus grand = -0,14% [-0,34 à 0,07%]). Les éléments de preuves pour le calcium seul étaient limités, avec seulement 2 études (n = 339 au total) et des résultats très imprécis. Une supplémentation en vitamine D seule ou en calcium n'a pas d'effet significatif sur la mortalité toutes causes confondues ou l’incidence des maladies cardiovasculaires. Les ARD se situaient entre -1,93% et 1,79%, les intervalles de confiance n'étant pas significatifs. La supplémentation en vitamine D et calcium est associée à une augmentation de l'incidence des calculs rénaux (3 ECR [n = 39 213]; ARD groupée = 0,33% [0,06 à 0,60%]), alors que la supplémentation en calcium seul ne l’est pas (3 ECR [n = 1259], ARD groupée = 0,00% [-0,87 à 0,87%]). La supplémentation en vitamine D et en calcium n'est pas associée à une augmentation de l'incidence du cancer (3 ECR [n = 39 213]; ARD groupée= -1,48% [-3,32 à 0,35%]). En conclusion, la supplémentation en vitamine D seule ou associée à du calcium n'est pas associée à une réduction de l'incidence des fractures chez les adultes en population générale non institutionnalisée sans carence avérée en vitamine D, ostéoporose ou antécédents de fracture. La vitamine D avec le calcium est en revanche associée à une augmentation de l'incidence des calculs rénaux. En 2018, l’USPTF reste donc sur sa position et continue à ne pas recommander l’utilisation de calcium et de vitamine D systématique dans cette population (2).

Faut-il raccourcir les études de médecine?

Marc Jouffroy

Marc Jouffroy

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