Comment mieux préserver la fonction surrénalienne chez les patients rhumatologiques sous corticothérapie au long cours ?

28/09/2021 Par Pr Philippe Chanson
Endocrinologie-Métabolisme
Les patients ayant une pathologie rhumatologique sont souvent traités par des doses élevées et prolongées de glucocorticoïdes qui sont à l’origine d’une inhibition de l’axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien avec pour conséquence le développement d’une insuffisance surrénale tertiaire. L’insuffisance surrénale expose à un risque d’insuffisance surrénale aiguë, potentiellement léthale.

Une équipe de Leeds, au Royaume-Uni, a évalué la prévalence, les caractéristiques et la récupération des patients ayant une pathologie rhumatologique qui avaient reçu une corticothérapie prolongée. Il s’agissait d’une étude rétrospective, transversale, qui a porté sur 238 patients vus en consultation de rhumatologie et pris en charge en accord avec les recommandations cliniques reconnues sur le plan national et international. Globalement, 65 % de cette cohorte avaient un cortisol à 9 heures < 350 nmol/l (130 ng/ml). Après test au Synacthène®, 43 % des patients avaient des critères d’insuffisance surrénale tertiaire. La dose quotidienne de corticoïdes (en équivalent prednisolone) au moment du test au Synacthène® était significativement supérieure dans le groupe dont la réponse au Synacthène® était anormale en comparaison de ceux dont la réponse était normale (5.57 mg vs 3.59 mg, p = 0.005). La cortisolémie à 9 heures était corrélée avec la réponse du cortisol au test au Synacthène®. Le cortisol basal au moment du test au Synacthène® était corrélé de manière plus importante avec le cortisol à 30 minutes après Synacthène® qu’avec le cortisol à 9 heures. Tous les patients dont le cortisol était > 350 nmol/l (130 ng/ml) avaient une réponse normale au test au Synacthène®. Les patients qui restaient sous prednisolone avaient plus de chances de récupérer (71 %) en comparaison de ceux qui étaient passés à l’hydrocortisone (27 % ; p=0.02). La dose maximale de stéroïdes était prédictive de la récupération : elle était significativement inférieure chez ceux qui récupéraient (moyenne de 22.3 mg) en comparaison de ceux qui ne récupéraient pas (33.8 mg ; p = 0.03). La durée de la corticothérapie n’était pas prédictive de la récupération (64.2 mois vs 55.6 mois ; p = 0.58). Il n’y avait pas de corrélation entre la réponse du test au Synacthène®, l’âge, le sexe, la dose de stéroïdes maximale, la durée de la corticothérapie ou la pathologie rhumatologique sous-jacente. En conclusion, 43 % des patients sous corticothérapie pour une pathologie rhumatologique ont une fonction anormale lors du test au Synacthène®. La dose de corticoïdes au moment du test au Synacthène® est le seul facteur prédictif significatif du risque d’insuffisance surrénale. Le cortisol à 9 heures montre une bonne corrélation avec la réponse au test au Synacthène® et pourrait représenter un test de dépistage intéressant pour réduire le recours au test au Synacthène® si le cortisol à 9 heures est > 350 nmol/l (130 ng/ml). Des données prospectives sont nécessaires pour permettre une stratégie optimale (laisser la prednisolone ou passer à l’hydrocortisone) afin d’améliorer la récupération surrénalienne.

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