Une vaste étude néerlandaise souligne que, bien que l’incidence des cancers a augmenté fortement chez les patients les plus âgés au cours de ces 3 dernières décennies, cette population semble avoir moins bénéficié des améliorations thérapeutiques que des patients plus jeunes, et l’écart de survie s’est creusé. Les personnes appartenant à la catégorie du 4ème âge, c’est-à-dire âgées de plus de 80 ans, constituent une population en pleine expansion sur le plan démographique. Pourtant, peu d’études de cancérologie se sont intéressées à cette classe d’âge. Une équipe de chercheurs néerlandais a voulu y remédier. Leur objectif était de faire un état des lieux de l’incidence, du traitement et de la survie liée au cancer sur une période de 30 ans, pour cette population de sujets très âgés, ainsi que d’estimer les tendances épidémiologiques futures. Pour cela, ils se sont appuyés sur le registre néerlandais du cancer, comprenant un total de près de 2,5 millions de cas de cancers survenus entre 1990 et 2019. Parmi ces cas, 386 611 avaient été diagnostiqués chez les personnes les plus âgées, qui représentaient 16 % de cette population. Les auteurs de ce travail, réalisé à l’échelon national, ont tout d’abord montré que l'incidence du cancer chez les patients les plus âgés a doublé entre 1990 et 2019 et devrait croître chaque année de 5 % jusqu'en 2032. La part des patients les plus âgés dans l’ensemble des cas de cancers a augmenté dans pratiquement tous les cancers, sauf dans celui de la prostate (25 % en 1990-1994 contre 13% en 2015-2019). La proportion de stades indéterminés de la maladie augmente avec l’âge dans la plupart des cancers. Concernant le traitement, les auteurs notent que l’application d'un traitement systémique a augmenté dans cette catégorie du 4ème âge. Cependant, elle reste « moins prononcée chez les personnes les plus âgées que chez leurs homologues plus jeunes » et les patients très âgés bénéficient donc moins des progrès thérapeutiques. Ainsi, entre 1990 et 2019, cette prise en charge thérapeutique est passée de 12 à 34 % chez les moins de 80 ans, de 3 à 15 % chez les 80-84, de 2 à 7 % chez les 85-89, et 1 % à 3 % chez les plus 90 ans et plus. La survie globale à 5 ans a aussi progressé, de 7 points entre les périodes 1990-1994 et 2015-2019 pour s’établir à 26%. Mais les écarts se creusent avec ce qui est observé chez les patients plus jeunes. En effet, chez les moins de 80 ans, la survie globale a augmenté de 19 points au cours de la même période, pour s’établit à 63 %. Les auteurs concluent donc que, si les patients atteints de cancer les plus âgés constituent un groupe en croissance rapide, ils ont cependant « moins bénéficié des améliorations du traitement du cancer que les patients plus jeunes, ce qui reflète les multiples défis rencontrés dans la prise en charge des personnes les plus âgées ».
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