Un infarctus du myocarde passé inaperçu mais détecté par IRM est un puissant facteur de risque de décès chez les patients diabétiques asymptomatiques

11/07/2019 Par Pr Philippe Chanson
Cardio-vasculaire HTA Diabétologie Endocrinologie-Métabolisme
Les complications coronariennes comme l’infarctus du myocarde, l’insuffisance cardiaque ou le décès prématuré, sont un problème majeur chez les patients diabétiques. Le taux élevé d’événements cardiovasculaires chez les diabétiques a conduit certains à recommander la réalisation d’une imagerie cardiaque chez les patients asymptomatiques afin d’identifier un groupe à haut risque qui pourrait bénéficier d’un traitement agressif. Toutefois le rôle de l’imagerie non invasive chez les patients asymptomatiques est mal défini du fait du peu de données prospectives.

Les avancées récentes dans l’imagerie cardiovasculaire permettent la détection de pathologies infracliniques chez des patients asymptomatiques. Les imageries permettant d’identifier les conséquences cardiaques d’une lésion coronaire telle que des infarctus du myocarde non diagnostiqués pourraient être plus intéressantes à relier au risque ultérieur d’événements cliniques. L’analyse du rehaussement tardif en IRM cardiaque permet d’identifier des infarctus du myocarde, en particulier ceux qui n’ont pas été reconnus cliniquement ou détectés par un électrocardiogramme. Quelle est la prévalence de ces lésions passées inaperçues et quelle est leur signification pronostique chez les patients diabétiques asymptomatiques ? Une étude prospective, réalisée dans deux centres, a porté sur des patients asymptomatiques sans pathologie cardiaque connue, ayant eu une IRM cardiaque dans le cadre de la recherche. Cinquante patients présentant un diabète de type 1 avec une insuffisance rénale chronique étaient considérés à haut risque et 70 patients avec un diabète de type 2 étaient considérés comme à risque moyen. Globalement, la prévalence des infarctus du myocarde non reconnus et détectés en IRM avec rehaussement tardif était de 19 % : elle était de 28 % dans le groupe à haut risque et de 13 % dans le groupe à risque moyen alors que seuls 5 % des infarctus du myocarde non reconnus cliniquement étaient détectés par électrocardiogramme. Pendant les 5 ans de suivi, portant donc sur un total de 460 patients x années de suivi, le taux de décès ou d’infarctus du myocarde clinique était nettement supérieur chez les patients diabétiques ayant un infarctus du myocarde non reconnu en IRM (44 %) en comparaison de 7 % chez ceux qui n’avaient pas d’infarctus du myocarde non reconnu à l’IRM. Dans le groupe à haut risque, il était de 43 % vs 6 % et dans le groupe à risque moyen de 44 % vs 8 % (p < 0.01). Après ajustement pour le risque de Framingham, la fraction d’éjection ventriculaire et le type de diabète, la présence d’un infarctus du myocarde non reconnu détecté par IRM à rehaussement tardif conférait une modification du risque de décès ou de survenue d’un infarctus du myocarde par 8 (IC 95 % ; 3-21.1, p < 0.0001). L’addition de cette notion d’infarctus du myocarde non connu, trouvé grâce à l’IRM, améliore significativement le modèle de discrimination pour la survenue d’événements secondaires. En conclusion, l’infarctus du myocarde non reconnu, détecté par une IRM avec rehaussement tardif, est fréquent chez les patients asymptomatiques, diabétiques, qui n’ont pas d’antécédent cardiaque et ces infarctus du myocarde non reconnus confèrent un risque très augmenté de décès et d’infarctus du myocarde clinique.

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