Polyamines : de nouveaux signaux métaboliques angiocrines régulant l’adiposité

21/04/2022 Par Pr Philippe Chanson
Endocrinologie-Métabolisme
Les cellules endocrines dans la lumière du système vasculaire régulent le passage dynamique de différents produits et cellules.

Elles sont situées de manière ubiquitaire sur une très vaste surface de 4000 à 7000 m2 couvrant l’interface entre le sang et les tissus. Ce contact important permet d’être sensible à l’environnement, au transport des nutriments et à l’intégration de la signalisation provenant des tissus voisins. Les cellules endothéliales sont donc considérées comme les gardiennes nutritives de l’organisme. Cependant, le rôle des cellules endothéliales dans la régulation du métabolisme reste mystérieux. Au niveau du tissu adipeux, au cours de l’accumulation lipidique ou dans le muscle au cours de l’exercice, l’adaptation à la nouvelle fonction tissulaire nécessite une croissance vasculaire. Les cellules endocrines s’expandent essentiellement par angiogenèse. Celle-ci est guidée par un certain nombre de facteurs extracellulaires convergeant vers des voies intracellulaires comme le système PI3-kinase/AKT/mTOR et RAS/MAPK/ERK. Les interactions réciproques entre les cellules endothéliales et les adipocytes sont fondamentales pour maintenir l’homéostasie du tissu adipeux blanc. L’activation de l’angiogenèse lors de l’expansion du tissu adipeux est perturbée lors de l’obésité. Pourtant, les mécanismes moléculaires qui font le lien entre les cellules endothéliales et les adipocytes sont mal connus. Une équipe espagnole montre dans un travail publié dans Nature Metabolism que c’est la production locale de polyamines par les cellules endothéliales qui stimule la lipolyse adipocytaire et régule l’homéostasie du tissu adipeux blanc chez la souris. En délétant Pten dans l’endothélium, ils stimulent l’angiogenèse et cela de manière indépendante des cellules. La perte de Pten au niveau de l’endothélium conduit à un phénotype sélectif du tissu adipeux blanc, caractérisé par une diminution du poids et de l’adiposité dans les conditions physiopathologiques. Ceci est lié à l’augmentation de la β-oxydation des acides gras dans les cellules endothéliales de manière concomitante à un effet lipolytique paracrine sur les adipocytes, expliquant la réduction de l’adiposité. L’analyse combinée des modèles murins, des cellules endothéliales isolées et des spécimens humains ont montré, dans cette étude, que la lipolyse du tissu adipeux était médiée par une production par les cellules endothéliales de polyamines et cela de manière dépendante de mTORC1. Les signaux métaboliques angiocrines (provenant des cellules endothéliales), en l’occurrence les polyamines, sont importants pour l’homéostasie du tissu adipeux blanc et pour le métabolisme au niveau de l’organisme entier.

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A tout problème complexe, il y a une solution simple .... et fausse. Il faut cesser de voir la médecine libérale comme une rustin... Lire plus

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