La prise de poids au début de l’âge adulte est celle qui aura le plus fort impact sur le taux de décès prématurés

30/10/2019 Par Pr Philippe Chanson
Médecine interne Nutrition
Une augmentation de l’indice de masse corporelle à l’âge adulte est associée à un risque supérieur de décès prématuré.

Cependant, les arguments concernant les variations du poids entre l’âge adulte jeune et la fin de l’âge adulte ou entre l’âge moyen et la fin de l’âge adulte en fonction du risque de mortalité n’est pas univoque. En particulier, on connaît mal les associations entre d’une part les variations du poids au cours de l’âge adulte, notamment entre l’âge adulte jeune et l’âge adulte moyen et, d’autre part, la mortalité. Afin de mieux comprendre cette association entre les variations du poids au cours de l’âge adulte et la mortalité, une étude de cohorte prospective à partir des données de la NHANES (National Health and Nutrition Examination Survey) américaine, entre 1988-1994 et 1999-2014, a été menée par une équipe chinoise. 36 051 sujets âgés de plus de 40 ans dont on connaissait le poids et la taille au début de l’étude et qui se souvenaient de leur poids lorsqu’ils avaient 25 ans et de leur poids 10 ans avant le début de l’étude ont été étudiés. Au cours d’un suivi moyen de 12.3 années, 10 500 décès sont survenus. En comparaison des participants qui sont restés à un poids normal, ceux qui sont passés d’une catégorie « non obèse » à une catégorie d’obésité entre l’âge jeune et l’âge adulte moyen avaient un risque de mortalité globale de 22 % supérieur (hazard ratio = 1.22 ; IC 95 % 1.11-1.33) et un risque de mortalité cardiaque de 49 % supérieur (1.49 ; 1.21-1.83). Lorsque les sujets passaient d’une catégorie obèse à une catégorie non obèse au cours de la même période, il n’y avait pas de risque significatif supérieur de mortalité. En revanche, passer d’un statut d’obèse à un statut de non obèse entre l’âge moyen et l’âge adulte final était associé à une augmentation du risque de mortalité globale (HR :1.3 ; 1.16-1.45) et à un risque supérieur de mortalité cardiaque (HR :1.48 ; 1.14-1.92) alors que passer d’un statut de non obèse à un statut d’obèse au cours de cette même période n’était pas significativement associé à un risque de surmortalité. Le fait de maintenir une obésité tout au long de l’âge adulte était associé à une augmentation du risque de mortalité globale : le hazard ratio était de 1.72 (1.52-1.95) lorsque l’on maintenait l’obésité entre l’âge adulte jeune et l’âge adulte moyen et il était de 1.61 (1.41-1.84) lorsque l’obésité était maintenue entre l’âge adulte jeune et l’âge adulte supérieur ; enfin, il était de 1.20 (1.09-1.32) lorsque l’obésité était maintenue entre l’âge adulte moyen et l’âge adulte tardif. Il n’y avait pas d’association significative entre les variations du poids et la mortalité par cancer. En conclusion, une obésité stable au cours de l’âge adulte, une prise de poids entre l’âge adulte jeune et l’âge adulte moyen et une perte de poids entre l’âge adulte moyen et l’âge adulte tardif sont associées à une augmentation du risque de mortalité. Ces données indiquent donc que le maintien d’un poids normal tout au long de l’âge adulte, en particulier en évitant une prise de poids à l’âge jeune, est important pour prévenir les décès prématurés plus tard dans la vie.

SAS : accepterez-vous de partager votre agenda ?

Pierre Nevians

Pierre Nevians

Non

A tout problème complexe, il y a une solution simple .... et fausse. Il faut cesser de voir la médecine libérale comme une rustin... Lire plus

0 commentaire
5 débatteurs en ligne5 en ligne





La sélection de la rédaction

Santé publique
Ce qui se cache derrière la hausse inquiétante de l'infertilité
13/03/2024
17