Diabétiques de type 2 obèses : le chirurgie bariatrique réduit le risque d’événement cardiovasculaire

18/10/2019 Par Pr Philippe Chanson
Cardio-vasculaire HTA Diabétologie Nutrition
Si la chirurgie bariatrique (dite aussi chirurgie métabolique, c’est-à-dire la chirurgie de l’obésité qui influence le métabolisme), par la perte de poids et la modification de la physiologie gastro-intestinale qu’elle entraîne, améliore de manière significative les facteurs de risque cardio-métaboliques, ses effets sur les critères durs, c’est-à-dire les événements cardiovasculaires, sont moins bien caractérisés.

L’objectif de l’étude rapportée dans le dernier numéro du JAMA était donc d’analyser la relation entre la chirurgie métabolique et la survenue d’événements cardiovasculaires majeurs chez les patients diabétiques de type 2 obèses. Les données ont été tirées d’une série de 287 438 patients adultes diabétiques du système de santé de la Cleveland Clinic aux Etats-Unis entre 1998 et 2017, dont 2 287 ont eu une chirurgie métabolique. Dans cette étude rétrospective de cohorte, chaque patient a été apparié à 5 témoins non chirurgicaux ayant un diabète et une obésité comparables et le suivi a été mené jusqu’à décembre 2018. Le critère d’évaluation principal était l’incidence des événements cardiovasculaires majeurs (major cardiovascular events, MACE) (critère composite de 6 complications : mortalité globale, événements coronariens, événements cérébro-vasculaires, insuffisance cardiaque, néphropathie ou fibrillation auriculaire). Sur les 13 722 participants (2 287 patients opérés et 11 435 témoins), la distribution des covariables basales était équilibrée entre le groupe chirurgical et le groupe non chirurgical, en particulier le sexe féminin (65.5 % vs 64.2 %), l’âge médian (52.5 vs 54.8 ans), l’IMC (45.1 vs 42.6) et l’hémoglobine glyquée (7.1 % vs 7.1 %). Le suivi médian global a été de 3.9 années (intervalle interquartile de 1.9 à 6.1). A la fin de la période d’étude, 385 patients du groupe chirurgical et 3 243 patients du groupe non chirurgical ont eu un événement cardiovasculaire majeur donnant une incidence cumulée à 8 ans de 30.8 % (IC 95 % = 27.6 à 34) dans le groupe chirurgical et 47.7 % (46.1 à 49.2) dans le groupe non opéré (p < 0.001) donnant une différence de risque absolu à 8 ans de 16.9 % (13.1 à 20.4) et un hazard ratio ajusté de 0.61 (0.55 à 0.69). Chacune des 7 complications majeures du critère composite global montrait une différence significative en faveur de la chirurgie métabolique, en particulier la mortalité. La mortalité globale est survenue chez 112 patients du groupe « chirurgie métabolique » donnant une incidence cumulée à 8 ans de 10 % (7.8 % à 12.2 %) et chez 1111 patients du groupe « non chirurgical », donnant une incidence cumulée de 17.8 % (16.6 % à 19 %) dans le groupe non opéré : la différence de risque absolu est donc de 7.8 % (5.1 % à 10.2 %) et le hazard ratio ajusté de 0.59 (0.48 à 0.72). Chez les patients diabétiques de type 2 obèses, la chirurgie métabolique, en comparaison de la prise en charge non chirurgicale, est associée à un risque significativement inférieur de survenue d’un événement cardiovasculaire majeur. Bien sûr les données de cette étude observationnelle doivent maintenant être confirmées dans des essais randomisés.

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