Diabète par pancréatopathie : il est faux de l’assimiler à un diabète de type 2

30/05/2022 Par Pr Philippe Chanson
Diabétologie
Le diabète secondaire à une pancréatopathie, qu’elle soit structurelle ou fonctionnelle par perte de l’insulinosécrétion dans un contexte de dysfonction pancréatique exocrine ou diabète du pancréas exocrine, inclut les pancréatites, la mucoviscidose et les cancers du pancréas.

  Ces diabètes du pancréas exocrine sont moins souvent considérés en pratique du fait de leur hétérogénéité étiologique et du fait qu’ils sont souvent diagnostiqués comme diabète de type 2, à tort. La prévalence de ces diabètes du pancréas exocrine varie entre 0.8 à 9.2 % chez les patients diabétiques. Une équipe coréenne a donc comparé les risques en termes d’initiation de l’insuline, de complications du diabète ou de mortalité entre le diabète du pancréas exocrine et le diabète de type 2. Pour cela, ils ont utilisé la cohorte de l’Assurance maladie entre 2012 et 2017 et ont divisé les patients diabétiques entre ceux qui avaient un diabète sans maladie pancréatique préalable (diabète de type 2 ; n = 153,894 patients) et les diabétiques avec un diagnostic préalable de pathologie pancréatique (diabète du pancréas exocrine, n = 3 629). Le diabète du pancréas exocrine était associé à un risque supérieur d’utilisation d’insuline en comparaison des patients diabétiques de type 2 (hazard ratio ajusté = 1.38 à 5 ans ; IC 95 % = 1.30 – 1.47 ; p < 0.0001). Les patients ayant un diabète du pancréas exocrine avaient un risque supérieur d’hypoglycémie (odds ratio = 1.85 ; 1.54 – 2.21 ; p < 0.0001), de neuropathie diabétique (1.38 ; 1.28 – 1.49 ; p < 0.0001), de néphropathie (HR = 1.38 ; 1.27 – 1.5 ; p < 0.0001), de rétinopathie (1.10 ; 1.01 – 1.20 ; p = 0.0347), de coronaropathie (HR = 1.59 ; 1.48 – 1.70 ; p < 0.0001), d’accidents vasculaires cérébraux (HR = 1.38 ; 1.28 – 1.49 ; p < 0.0001) et d’artériopathie périphérique (1.34 ; 1.25 – 1.44 ; p < 0.0001). La mortalité globale était aussi supérieure chez ces patients pancréatiques (HR = 1.74 ; 1.57 – 1.93 ; p < 0.0001) en comparaison des patients diabétiques de type 2. En conclusion, le diabète pancréatique nécessite plus souvent l’utilisation d’insuline que le diabète de type 2. Les hypoglycémies, les complications micro et macrovasculaires et la mortalité globale sont aussi supérieures dans ce type de diabète en comparaison du diabète de type 2. Ces patients nécessitent donc une prise en charge très personnalisée pour bien mettre en place l’insuline au moment adéquat et réduire au maximum les complications du diabète et la mortalité chez ces patients qui nécessitent donc une attention particulière du fait du caractère spécifique de ce diabète.

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A tout problème complexe, il y a une solution simple .... et fausse. Il faut cesser de voir la médecine libérale comme une rustin... Lire plus

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