Diabète gestationnel et complications de la grossesse : les résultats d’une revue systématique avec méta-analyse

08/06/2022 Par Pr Philippe Chanson
Endocrinologie-Métabolisme
L’incidence du diabète gestationnel augmente de manière progressive et est associée à toute une série de complications pour la mère et le fœtus ou le nouveau-né. Les complications de la grossesse chez les patientes ayant un diabète gestationnel tels que le décès néonatal ou la diminution du score d’Apgar n’ont pas été analysées dans des études de cohorte importantes. De plus, il manque une revue systématique extensive avec une méta-analyse de l’association entre le diabète gestationnel et les complications de la grossesse. C’est ce qui amené une équipe chinoise à analyser, dans le cadre d’une revue systématique avec méta-analyse, l’association entre le diabète gestationnel et les complications de la grossesse après ajustement pour toute une série de facteurs.

Les études de cohorte étaient éligibles pour l’inclusion. Les analyses ont été faites en fonction de l’utilisation d’insuline, du niveau de richesse du pays, de la qualité de l’étude, des critères diagnostiques et des méthodes de dépistage. 156 études avec 7 506 061 grossesses ont été incluses dont 50 (soit 32.1 %) avaient un risque de biais faible ou moyen. Dans les études sans utilisation d’insuline, après ajustement pour les facteurs confondants, les femmes ayant un diabète gestationnel avaient une augmentation du risque de césarienne (odds ratio = 1.16 ; 1.03 à 1.32), d’accouchement avant terme (1.51 ; 1.26 à 1.80), de score d’Apgar bas à 1 minute (1.43 ; 1.01 à 2.03), de macrosomie (1.70 ; 1.23 à 2.36) et d’enfants gros pour l’âge gestationnel (1.57 ; 1.25 à 1.97). Dans les études utilisant l’insuline, après ajustement pour les facteurs confondants, les risques d’avoir un enfant gros pour l’âge gestationnel (odds ratio = 1.61 ; 1.09 à 2.37) ou avec un syndrome de détresse respiratoire aiguë (1.57 ; 1.19 à 2.08) ou d’ictère néonatal (1.28 ; 1.02 à 1.62) ou nécessitant une hospitalisation en soins intensifs néonatal (2.29 ; 1.59 à 3.31) étaient supérieurs chez les femmes ayant un diabète gestationnel en comparaison de celles qui n’avaient pas de diabète. Il n’y avait pas d’argument pour une différence en termes d’accouchement avec instrument, de dystocie des épaules, d’hémorragie du post-partum, de mort-né, de décès néonatal, de score d’Apgar bas à 5 minutes, de faible poids de naissance ou de faible poids pour l’âge gestationnel entre les femmes ayant ou non un diabète gestationnel après ajustement pour les facteurs confondants. Le statut du pays en termes de richesse économique, l’ajustement pour l’indice de masse corporelle et les méthodes de dépistage, contribuaient de manière significative à l’hétérogénéité entre les études pour diverses complications de la grossesse. En conclusion, après ajustement pour les facteurs confondants, le diabète gestationnel est associé de manière significative à des complications de la grossesse. Ces données contribuent à une meilleure compréhension des effets secondaires de la grossesse en fonction du diabète gestationnel. Les études ultérieures devront considérer de manière routinière les ajustements pour une série plus complète de facteurs pronostiques.

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