FMC : 10 points clésOeil rouge sans baisse de l’acuité visuelle

Certaines étiologies doivent être identifiées rapidement car elles peuvent conduire à une cécité. Nous n’aborderons, dans cet article, que les pathologies n’entraînant pas de baisse de l’acuité visuelle.

14/05/2019 Par Dr Pierre Francès
  1. 01
    Point formation n°1

    L’oeil rouge et/ou douloureux est un motif de consultation très fréquent en ophtalmologie : cela représente environ 50 % des cas de passage aux urgences ophtalmologiques.

  2. 02

    L’hémorragie sous-conjonctivale : la rougeur est localisée ou en nappe. Le plus souvent, l’oeil rouge est unilatéral, avec un chémosis (oedème de la conjonctive), d’apparition brutale et spontanée. Derrière ce symptôme doit être recherché un diabète ou une hypertension artérielle. Cependant, dans de nombreux cas, il s’agit d’un problème thérapeutique (anticoagulation trop importante le plus souvent). Néanmoins, en cas de traumatisme connu, il est important de rechercher un corps étranger intraoculaire.

  3. 03

    La conjonctivite bactérienne : elle se caractérise par une rougeur diffuse. Trois signes permettent de penser à ce diagnostic : présence de sécrétions purulentes (les paupières restent souvent collées par les sécrétions le matin), absence de follicules (hyperplasies lymphoïdes) au niveau de la conjonctive, pas de ganglion pré-auriculaire. Elle demeure très contagieuse, et des conseils de lavage des mains doivent être prodigués. En parallèle, des collyres antibiotiques permettent une amélioration rapide.

  4. 04

    Les conjonctivites virales : elles représentent 15 % des conjonctivites. Elles sont contagieuses, et sont dues souvent à un adénovirus. On retrouve souvent une adénopathie prétragienne douloureuse. Aucun traitement spécifique n’est recommandé, excepté le respect d’une hygiène des mains. Cependant, des complications cornéennes peuvent survenir : kératite aiguë, opacités cornéennes.

  5. 05

    La conjonctivite allergique : elle survient de manière saisonnière ; et une recherche d’atopie ou d’allergie doit être effectuée. Les manifestations cliniques sont le plus souvent bilatérales et récidivent annuellement. Le patient se plaint souvent de larmoiements (sécrétions claires), d’un chémosis, d’un prurit et d’un oedème palpébral. Parfois, une rhinite est associée à ce tableau. Cliniquement, on retrouve au niveau de la conjonctive des follicules et des papilles volumineuses. Le traitement repose sur la prescription de collyres antiallergiques.

  6. 06

    Les conjonctivites du nouveau-né. Il peut s’agir :
    – de l’imperforation du canalicule lacrymal par un bouchon muqueux. Dans ce cas, l’atteinte survient entre le 1er et 12e jour après la naissance. Cette conjonctivite rétrocède après l’administration d’un collyre antibiotique ;
    – la conjonctivite à inclusions survient entre le 7e et 8e jour après la naissance. Elle est purulente, bilatérale, et une hyperplasie papillaire conjonctivale est associée. Un traitement antibiotique oral est recommandé.

  7. 07

    Le syndrome sec oculaire : il est secondaire à une réduction de la sécrétion lacrymale. On note une gêne lors de l’occlusion palpébrale (grains de sable) et des douleurs oculaires modérées superficielles. Le diagnostic est effectué grâce au test de Schirmer (bandelette placée sous la paupière inférieure) qui quantifie le déficit sécrétoire. Plusieurs origines sont objectivées : involution sénile des glandes lacrymales, origine iatrogène, syndrome de Gougerot-Sjögren. Le traitement repose sur la prescription de larmes artificielles mais aussi sur une limitation des facteurs pouvant induire une irritation des yeux (tabac, poussières, climatisation).

  8. 08
    Point formation n°8

    L’épisclérite : c’est une inflammation qui concerne le feuillet superficiel de l’épisclère, qui est située sous la conjonctive. L’administration d’un collyre vasoconstricteur permet de noter une disparition immédiate de la douleur. Le plus souvent, l’atteinte reste sectorielle. Une recherche de maladie de système est importante en cas de récidive, même si ce diagnostic n’est pas très fréquent ; la forme idiopathique est la plus représentée. Le traitement consiste à prescrire un corticoïde local (sur moins de 15 jours).

  9. 09

    La sclérite antérieure est une inflammation de la sclère située sous l’épisclère. Dans ce cas, la douleur est importante et profonde. Elle se majore lors de la mobilisation du globe oculaire. La rougeur peut être localisée ou rester diffuse. Dans ce cas, il est nécessaire de rechercher dès le premier épisode une maladie de système (polychondrite atrophiante, sarcoïdose, maladie de Crohn, lupus érythémateux disséminé, spondylarthrite ankylosante, polyarthrite rhumatoïde, psoriasis) ou une pathologie infectieuse (herpès, zona, maladie de Lyme, syphilis, tuberculose). Parfois, cette inflammation est idiopathique. Le traitement est avant tout étiologique. On peut également utiliser des collyres anti-inflammatoires pour réduire la douleur.

  10. 10

    Autres causes : conjonctivite secondaire à une chlamydia, rosacée oculaire, maladie de Basedow, conjonctivites irritatives (tabac, poussière), malpositions palpébrales (entropion, ectropion, chalazions).

Références :

- Kanski J. Précis d’ophtalmologie clinique. Éd. Elsevier Masson 2012.
- Fortoul V, Denis P. Item 81 / Q 212 - Oeil rouge et douloureux. Rev Prat 2014;64(5):707-15.
- Delair E. Oeil rouge. Rev Prat Med Gen 2008;22(798):291-5.
- Couf. Les Référentiels des Collèges. Ophtalmologie. Éd. Elsevier Masson 2017.

 

Le Dr Pierre Francès déclare n’avoir aucun lien d’intérêts concernant les données présentées dans cet article.

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