Sécurité sanitaire : les lauriers pour Mélenchon, le bonnet d'âne pour Fillon

11/04/2017 Par Aveline Marques
Politique de santé

Sept "experts", parmi lesquels la pneumologue Irène Frachon ou l'épidémiologiste Catherine Hill, ont interrogé les candidats à la présidentielle sur leurs intentions en matière de sécurité sanitaire et de santé publique. Ils leur ont ensuite attribué une note sur 20.

Depuis la campagne présidentielle de 1988, les postulants à la fonction suprême sont soumis à une liste de questions sur leurs engagements en matière de sécurité sanitaire et de santé publique. Cette année, les 20 questions visant à tester leur volonté d'agir contre les facteurs de risque évitables "à l'origine de 100.000 morts prématurées par an" ont été rédigées par sept "experts", reconnus dans leur domaine: Irène Frachon, la pneumologue qui a alerté sur le Mediator; Chantal Perrichon, la présidente de la Ligue contre la violence routière; le Pr Claude Got, spécialiste des questions de sécurité sanitaire et routière; l'épidémiologiste Catherine Hill; et les professeurs Serge Hercberg (nutrition), Gérard Dubois et Albert Hirsch (Alliance contre le tabac). Une note de 1 est attribuée si le candidat répond favorablement à la mesure proposée, de 0 s’il la ­refuse.  

20/20 contre 2/20

  C'est le candidat de la France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, qui arrive premier avec une note de 20/20, car il a répondu oui à l'ensemble des mesures préconisées par ces experts, y compris celles pouvant fâcher des électeurs. Benoît Hamon obtient un 15, Nathalie Arthaud 13, Jacques Cheminade 12, Marine Le Pen 8, Emmanuel Macron 7 et François Fillon 2. Philippe Poutou, Jean Lassalle et François Asselineau n'ont pas répondu et Nicolas Dupont-Aignan n'a pas pu être contacté. Sur la prévention, il a été demandé qui était prêt à augmenter fortement (20 euros d'ici la fin du quinquennat) le prix du paquet de cigarettes, à taxer les boissons alcooliques en fonction du taux d’alcool pur et/ou à modifier la mention "L’abus d’alcool est dangereux pour la santé" en "L’alcool est dangereux pour la santé", à abaisser la vitesse maximale à 80km/h ou encore à taxer les aliments en fonction de leur qualité nutritionnelle.  

Interdiction des visiteurs médicaux

  La lutte contre la promotion inappropriée des médicaments, passant par l'interdiction des visiteurs médicaux et l'indépendance de la formation continue des médecins vis-à-vis des laboratoires figurait également au menu. "90 % de la formation continue des médecins est financée par l’industrie pharmaceutique. Les étudiants en médecine sont ­approchés par les visiteurs médicaux chargés de la promotion des produits pharmaceutiques dès leur troisième année d’études", précise Irène Frachon.  Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon et Benoît Hamon se déclarent favorables à l’interdiction pour les laboratoires pharmaceutiques de ­démarcher les médecins pour présenter les ­médicaments. Les trois candidats affirment vouloir également réserver la formation médicale continue ou initiale à l’enseignement universitaire. Pourtant attendu sur les questions de proximité excessive entre la médecine et l’industrie pharmaceutique après l’éviction de son équipe de campagne du docteur Jean-Jacques Mourad pour conflit d’intérêts, Emmanuel Macron "se montre trop timoré", selon le ­collectif. Le candidat d’En marche s'engage simplement à publier "très rapidement après son élection" une circulaire qui "viendra encadrer l’organisation de la promotion médicale". Quant à François Fillon, il prône le statut quo, estimant que la réglementation actuelle est suffisante. Les réponses des candidats, les notes délivrées et les commentaires des experts sont accessibles en ligne (www.securite-sanitaire.org).   [avec lemonde.fr et AFP]

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