Congé paternité : un impact positif sur la dépression du post-partum chez les pères, mais pas chez les mères

05/01/2023 Par Marielle Ammouche
Santé publique
Au-delà de ses bienfaits sociétaux, le congé paternité de 15 jours pourrait avoir aussi un impact plus médical, avec des effets inattendus. C’est ce que rapporte une vaste étude menée par des chercheurs de l’Inserm et de Sorbonne Université à l’Institut Pierre-Louis d’épidémiologie et de santé publique à partir des données de la cohorte Elfe. Les auteurs se sont ainsi intéressés à l’impact que pouvait avoir cette mesure sur la dépression du post-partum. Ce phénomène est courant à la fois pour les femmes qui viennent d’accoucher, avec 17% des femmes concernées, mais aussi chez les jeunes pères (1 homme sur 10). 

 

Pour mieux évaluer l’impact de ce congé paternité sur le risque de survenue d’une dépression du post-partum chez l’un des deux parents, les auteurs ont donc monté une étude basée sur les données de la cohorte Elfe qui a inclu plus de 13 000 mères et près de 11 000 pères français dont les enfants sont nés en 2011. 

Le diagnostic de dépression a été effectué par questionnaire, deux mois après la naissance de l’enfant. Il en ressort que 4,5% des pères ayant pris un congé paternité et 4,8% de ceux ayant l’intention de l’utiliser présentaient une dépression post-partum deux mois après la naissance de leur enfant, contre 5,7% de ceux ne l’ayant pas utilisé.  

En revanche, les auteurs ont eu la surprise de constater que l’effet inverse se produisait chez les femmes : 16,1% des mères dont le partenaire a utilisé le congé paternité présentaient une dépression du post-partum, contre 15,1% de celles dont le partenaire avait l’intention d’utiliser le congé paternité, et 15,3% de celles dont le partenaire ne le prenait pas. 

"Outre les avantages que le congé paternité peut conférer en matière de dynamique familiale et de développement des enfants, il pourrait donc également avoir des effets positifs en matière de santé mentale des pères, commente Katharine Barry, doctorante Inserm à Sorbonne Université et première auteure de ces travaux. En revanche, l’association négative observée chez les mères pourrait suggérer qu’une durée de deux semaines de congé paternité n’est a contrario pas suffisante pour prévenir la dépression post-partum des mères."  

Autre hypothèse évoquée par les auteurs : une répartition inégale du temps alloué à la garde des enfants et/ou à un biais de sélection. Les scientifiques reconnaissent, en effet, n’avoir pas pris assez compte de la présence de troubles dépressifs antérieurs à la naissance, et indépendamment d’une grossesse.  "Il est ainsi possible que les pères dont la compagne est plus à risque de dépression, prennent plus volontiers un congé paternité, précise Maria Melchior. Nos résultats soulignent cependant l’importance que peuvent avoir les politiques familiales ciblées sur les pères en matière de santé mentale des parents, continue la chercheuse, car elles peuvent faire progresser l’égalité des sexes sur le marché du travail et accroître la participation des pères à la sphère familiale." 

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